TECHNO | par Lauryanne Teulon du Collège Français de Métrologie (CFM) | Avril 2024
TECHNO | par Lauryanne Teulon du Collège Français de Métrologie (CFM) | Avril 2024
Les objectifs d’une gestion d’un parc d’instruments de mesure maitrisée sont dépendants de la structure concernée et de son positionnement stratégique. Il peut être question d’anticiper des opérations de suivi ou de maintenance, d’assurer la disponibilité des équipements sur des périodes critiques, d’équilibrer les dépenses… De façon générale, il est nécessaire que la ou les personnes en charge du parc d’instruments assurent la conformité et la traçabilité métrologique des résultats de mesure dans lesquels les équipements sont impliqués. Les étapes de suivi métrologique doivent être documentées et choisies dans une optique de maitrise des coûts. Il est ainsi nécessaire de connaitre la capabilité des processus de mesure mis en œuvre afin de choisir les équipements les plus adaptés : répondant aux spécifications sans engendrer de sur-qualité (coûteuse).
Finalement, il s’agit d’assurer les exigences métrologiques incontournables en mettant en œuvre une stratégie « au juste nécessaire ».
La vie d’un équipement de mesure peut être découpée selon quatre grandes phases : achat, réception, suivi et réforme qui font partie intégrante de la gestion d’un parc d’équipements de mesure. L’achat nécessite de rédiger un cahier des charges et de faire intervenir toutes les parties prenantes, notamment l’utilisateur final pour bien comprendre son besoin et avoir son retour d’expérience s’il s’agit de racheter des équipements connus. La réception s’associe à la création de la fiche de vie de l’équipement de mesure qui doit être mise à jour à chaque opération (métrologique, réparation ou maintenance). La réception implique également l’identification de l’équipement, sa qualification initiale et la définition de son plan de suivi métrologique selon différents critères, en particulier sa criticité. Le suivi métrologique correspond à la réalisation d’étalonnage, de vérification, à la mise en place de moyens de surveillance de l’équipement lorsque c’est pertinent, d’ajustage… Et enfin selon les règles de décision établies, l’équipement peut être réformé pour diverses raisons : obsolescence, usure, changement de besoin, autre.
La gestion d’un parc d’équipements de mesure peut s’appuyer sur l’utilisation d’un logiciel de gestion. Les différents logiciels proposés sur le marché permettent de faciliter le suivi en ayant une vision d’ensemble du parc et du statut des équipements : localisation, conformité, planification des opérations de suivi … Ils sont souvent pertinents pour des parcs comprenant un grand nombre d’instruments de mesure. On peut y associer des méthodologies d’analyse de données pour optimiser des périodicités d’étalonnages ou faire des suivis de tendances (dérive, instabilités).
De nouveaux équipements de mesure se positionnent actuellement sur les marchés en intégrant des phases d’automatisation. L’étalonnage gravimétrique de pipettes multi-canaux par exemple peut se faire par utilisation de balances semi-automatiques où les différentes pesées sont réalisées en parallèle en intégrant automatiquement les étapes de tares, étalonnages internes… Ces technologies permettent de réduire les temps de manipulation et d’augmenter la maitrise de certains facteurs d’influence (opérateur, conditions ambiantes). Il reste nécessaire d’assurer le suivi métrologique de ces équipements en exploitant leurs spécificités pour faciliter des étapes de surveillance par exemple.
Par ailleurs, la digitalisation des données de mesure prend de plus en plus d’ampleur dans les organisations actuelles. Cette digitalisation s’associe à la saisie et à la récupération automatique de données de mesure ou d’étalonnage des instruments, qui sont lisibles et interprétables par des machines. La structuration de cette donnée reste encore un enjeu aujourd’hui car les typologies d’instruments sont multiples et les données liées aux étalonnages (points d’étalonnage, écart de justesse, incertitude associée…) permettent une combinaison infinie de solutions. Dans ce contexte, le certificat d’étalonnage digital ou Digital Certification Calibration (DCC) en anglais qui est l’équivalent numérique du certificat d’étalonnage classique prend toute son importance. La Physikalisch-Technische Bundesanstalt (PTB) très impliquée sur le sujet propose différentes solutions et guides sur le sujet.
Le Collège Français de Métrologie a eu le plaisir d’organiser les Matinales de la Métrologie en partenariat avec le CIFL et le salon FORUM LABO 2024 pour la première fois cette année. Ces Matinales ont permis d’aborder ces problématiques de gestion de parc pour les besoins spécifiques des laboratoires. Le format proposé alliant conférences méthodologiques à des ateliers de mises en pratique a donné l’opportunité aux participants d’échanger autour de l’étalonnage automatisé des pipettes, de la digitalisation des données de mesure, des facteurs d’influence d’un pesage… qui s’inscrivent dans la gestion d’un parc d’instrument de mesure dans le milieu des laboratoires.
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