SUCCESS STORIES | par Solenne Denis de La Gazette du Laboratoire | Mai 2023
La start-up GreenTropism, spécialiste de la spectroscopie associée à l’IA, ambitionne une place de référence en diagnostic in vitro
La start-up GreenTropism, spécialiste de la spectroscopie associée à l’IA, ambitionne une place de référence en diagnostic in vitro
Une histoire qui associe la spectrométrie aux sciences des data
Asseoir sa crédibilité pour grandir et s’exporter, c’est le pari qu’a fait GreenTropism depuis sa création en 2014, à l’initiative d’Anthony BOULANGER, ingénieur AgroParisTech et docteur en biostatistiques. Le scientifique, alors responsable R&D chez Veolia dans le domaine de la spectroscopie proche-infrarouge, étudiait l’analyse en temps réel des bioprocédés de transformation des déchets organiques en énergie, et s’intéressait en particulier aux systèmes de spectroscopie adaptés à ces enjeux. C’est en constatant à la fois l’étendue des applications potentielles et le manque d’outils automatisés pour traiter des données issues des spectromètres qu’il a fondé GreenTropism.
La start-up, installée à Paris, se spécialise dans l’édition de solutions logicielles pour optimiser le traitement des données complexes issues de la spectrométrie (infrarouge, proche infrarouge, Raman...). À partir de méthodes d’intelligence artificielle (IA), elle conçoit des algorithmes d’analyse des données spectrales et permet ainsi la détection, la classification d’échantillons ou la quantification d’une molécule d’intérêt.
Une technologie innovante, éprouvée, pour répondre aux enjeux de la détection des pathogènes
« L’alliance de la spectroscopie et de l’IA offre une méthode d’analyse innovante dont l’efficacité a été mise en évidence auprès de grands groupes clients de nos solutions et au travers de partenariats avec l’APHP, l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées, TLL Singapore, l’Université de Lisbonne, Biogroup ou encore l’hôpital St Joseph », souligne Roland CARBONNEL, directeur général de GreenTropism. De nombreux marchés sont ainsi concernés par le potentiel de la technologie GreenTropism, aussi bien pour le contrôle qualité – non destructif et en temps réel ! - des matières premières, l’identification de molécules ou le contrôle de contamination, que le monitoring des process industriels.
« Avec l’arrivée de la Covid en 2020, nous avons été sollicités pour mettre en œuvre nos méthodes et savoir-faire dans la détection du SARS-CoV-2 », complète M. CARBONNEL. En quelques mois, GreenTropism a su développer une solution unique et très innovante, basée sur la spectrométrie vibrationnelle et sa plate-forme propriétaire d’IA, pour la détection fiable et ultra-rapide de pathogènes dont celui responsable de la Covid-19.
« Le spectromètre projette un flash laser sur une goutte de prélèvement ; l’intelligence artificielle analyse les données issues du spectre et rend une réponse en trente secondes [une à trois minutes en incluant le temps de préparation de l’échantillon] sur la présence ou non de virus », précise Roland CARBONNEL. C’est un des grands atouts de la technologie GreenTropism : sa simplicité de mise en œuvre et d’interprétation. Pas d’anticorps, ni de révélation ! La présence ou non du pathogène est directement mesurée par son reflet unique, avec pour seul impératif, l’ajout de microparticules d’or pour exalter le signal.
« Ces microparticules d’or agissent comme des milliers de micro-miroirs multiplicateurs de lumière amplifiant les signaux de présence du virus qui, par leur petite taille ou leur faible quantité au début de l’infection, resteraient invisibles avec des techniques basiques », décrit le directeur général de GreenTropism. La complexité et la diversité des données spectrales générées, propres à chaque molécule, imposent toutefois de booster la puissance d’analyse. Ce que GreenTropism a réussi à maîtriser grâce au développement d’une suite logicielle combinant plusieurs outils d’intelligence artificielle.
Les ingénieures d'études au laboratoire de GreenTropism, à Rouen
Ingénieure d'études dans le laboratoire NSB2 de GreenTropism, à Rouen
De belles perspectives d’applications médicales, vétérinaires et pour le diagnostic des eaux…
Appliquée au domaine médical, la technologie GreenTropism vise à ce que biologistes et cliniciens puissent obtenir des résultats du statut infectieux de leurs patients - jusqu’à 3 agents pathogènes, bactéries et virus simultanément - en moins de 3 minutes ; « ce qui offre la possibilité de réaliser des tests à grande échelle, dans les aéroports par exemple », ajoute Anthony BOULANGER, CTO et fondateur de GreenTropism. Le même dispositif, automatisé, est utilisé en diagnostic vétérinaire pour le contrôle en continu d’absence ou de présence de pathogènes chez les animaux d’élevage, ainsi qu’en diagnostic des eaux usées et de baignade pour suivre l’évolution d’éventuelles contaminations.
« Ces sujets sont de véritables enjeux de santé publique auxquels nous pouvons apporter des réponses » explique Roland CARBONNEL. « Je pense notamment aux eaux de baignade avec la tenue prochaine des JO 2024 à Paris, dont plusieurs épreuves de nage se dérouleront dans la Seine et la Marne ». D’autant que le projet Inno4diag de GreenTropism pour la surveillance des eaux des sites de compétitions de nage en eaux vives (Seine et bassin de la Villette) a été sélectionné par la BPI et la Région Ile-de-France.
Une technologie brevetée à l’international et des processus d’IA certifiés LNE
GreenTropism a protégé et sécurisé son monopole d’exploitation et sa technologie « unique » - dont est issue sa plateforme ultra-rapide de diagnostic - par le dépôt à l’international de 22 brevets dans 5 familles différentes. En parallèle, l’Entreprise vient tout juste d’obtenir la certification LNE – Intelligence Artificielle, ce qui fait d’elle la première dans le domaine du diagnostic à voir ses processus d’IA certifiés : « Au-delà de notre expertise, c’est notre savoir-faire et notre exemplarité que nous voulions faire reconnaître, à savoir une IA conçue, développée et utilisée avec maîtrise et transparence », souligne Roland CARBONNEL. Alors que les régulations en la matière - jusqu’ici quasi-inexistantes - devraient fleurir dans un futur proche, c’est donc volontairement et en connaissance de cause que GreenTropism s’est prêtée à l’audit de certification afin de s’ouvrir notamment les portes des Etats-Unis, soit 40% du marché mondial du diagnostic des maladies infectieuses, estimé à plus de 30 milliards d’euros d’ici 2027.
Concluons en soulignant que l’équipe GreenTropism réunit aujourd’hui une quinzaine de salariés, basés à Paris et au sein de son nouveau laboratoire de 450 m², inauguré l’année passée au cœur du pôle d’excellence Rouen Innovation Santé. Une belle dynamique pour cette start-up 100% française, actuellement en pleine levée de fonds en Série A !
Roland Carbonnel et les ingénieures d'études au laboratoire
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